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C’est encore samedi, le 5 octobre. De l’autre côté du pont : Guabito. Première ville de Panama.
Comme toutes les villes frontières jusque-là traversées, elle ne mérite pas qu’on s’y attarde. On obtient notre tampon contre 3$ et la preuve que nous sortirons du territoire avec notre billet d’avion Tour
du Monde. Il prévoit notre décollage de l’aéroport de Rio de Janeiro dans trois mois. Une heure de minibus jusqu’au port d’Almirante. On croise les élèves qui sortent
de l'école. Au loin, un porte-conteneurs de la Chiquita attend ses bananes plantain sur le long quai du port de commerce. Nous, on attend sur les pontons du «vieux port », le prochain taxi-boat qui se rend sur l’archipel des Bocas
del Toro. Le capitaine ? Rastaman. Ici aussi l’immigration jamaïcaine est importante.
Bocas del Toro,
Nous sommes toujours dans la Mer des Caraïbes….parce que c’est notre route et … ....parce qu’on adore !
Sur les conseils avisés de Lucas, on s’installe à la Casa Verde. La terrasse sur pilotis, les hamacs et le bar sur le front de mer… le top !
Avec d’autres voyageurs au long cours, on échange nos plans pour rejoindre la Colombie. On va devoir casser notre tirelire mais cette fois c’est sûr, on prend le bateau.
Finalement, on passe trois jours dans l’archipel. Depuis la festive Bocas, sur l’Isla Colon, on rayonne en taxi-boat le long de la mangrove jusqu’aux différentes plages et îles. Bocas del Drago
et ses étoiles de mer rouges et jaunes, Zapatilla et la isla Bastimentos… L’eau cristalline nous permet d’apprécier la beauté des fonds recouverts de coraux. Le sable blanc et chaud nous permet lui de finir nos nuits.
Une étape qui vaut vraiment le détour !
Panama City
Mardi soir, On migre ! Pour Panama City, la capitale, à une nuit de bus de là. Arrivé aux aurores,
le bus nous dépose sur le front de mer. Le « Miami du Sud » ? Peut-être bien, on ne connaît pas. On a bien une impression de déjà-vu mais nous ça nous fait penser à Shanghai et à
la vue sur le quartier des affaires de Pudong depuis le Bund. De hautes tours de verres serrées les unes contre les autres autour d’une baie et d’un port de plaisance baigné par les eaux du Pacifique. Des yachts énormes témoignent
de la réussite de leurs propriétaires. On aurait peut-être pu faire du bateau-stop ? La ville, située à l’embouchure du canal traversant l’isthme de Panama est, depuis un siècle, la place pour
faire des affaires dans la région.
On quitte le moderne CBD par l’Avenida Balboa, pour un voyage dans le temps, dans le quartier historique de Casco Viejo. « - Euh.. Balboa ? Rocky Balboa ? - Vasco Nunez de Balboa ! (à droite)», le navigateur espagnol qui a le 1er franchi l’isthme de Panama et découvert
l’Océan Pacifique, en 1513. La ville de Panama est fondée quelques années plus tard. Devenue la tête de pont pour l’exploration et la conquête du Pérou et un point de transit pour l’or et l’argent
à destination de l’Espagne, elle est très convoitée des pirates. En 1671, le boucanier gallois Henry Morgan et ses hommes la pillent et la laissent en ruines. La cité est alors reconstruite mais sur une péninsule plus
facile à défendre à 8km de là : Casco Viejo.
On y arrive aujourd’hui par le quartier chinois et des rues très commerçantes. Immeubles en mauvais état, kiosques en bois, étales de fruits et légumes à l’abri d’un
parasol/pluie, cantines de rues, une boutique de casseroles, puis une de chaussures, puis des machines à laver… ouvertes sur la rue. On retrouve la vie, la foule et le coté bricolé des quartiers populaires des pays en développement.
Mais à quelques rues de là, un nouveau décor est en cours d’installation. La cathédrale, le Palacio Municipal et celui du Govierno, la place de France où trône la statue de Ferdinand de Lesseps,
premier architecte du canal…. et de magnifiques bâtisses XVIII-XIXe. Certaines sont toujours en réhabilitation. Quartier désormais classé par l’UNESCO, le résultat promet d’être fabuleux ! Depuis
le chemin de ronde, envahi par les vendeurs de panamas (et aujourd’hui il en faut bien un sur la tête pour résister à la chaleur), on surplombe l’océan. Au loin : le pont des Américains enjambe le canal. Et
si on allait faire un ptittour là-bas ?
Le canal de Panama
Vendredi 11 octobre, Matin gris clair, après-midi gris foncé. Il pleut des cordes. On enfile nos tongs, nos vestes de pluie et on
monte dans un taxi. Ecluses de Miraflores, à une douzaine de kilomètres de Panama City. Le voilà, le mythique, le famous, the canal de Panama ! Depuis le temps qu'on saoulait tout le monde avec ce canal, on a traversé
plus de la moitié de la planète et le voilà, enfin sous nos yeux !
Commencé par la France et l’ingénieur Ferdinand de Lesseps, concepteur du canal de Suez, en 1882 et achevé par les Etats-Unis en 1914, l’aventure rencontre de nombreuses difficultés
financières (scandale politico-financier en France et faillite de la compagnie en 1889) et techniques (glissements de terrains, difficulté de domestiquer les cours d’eau). Le bilan écologique (déboisement, dérèglement
des écosystèmes) et humain est également lourd (paludisme, fièvre jaune ; des milliers d’ouvriers antillais y perdent la vie). Mais le canal rencontre rapidement un véritable succès qui booste l’économie
du jeune pays. Le Panama se sépare de la Colombie en 1903, avec l'appui des Etats-Unis qui obtiennent le chantier et la propriété de la zone du canal. Dès 1914, un bateau quittant New York pour San Francisco parcourt 9500 km en
passant par le canal au lieu de 22 500 s’il doit contourner l’Amérique du Sud par le Cap Horn. Passage stratégique donc, les Etats-Unis ne souffrent pas de voir leurs intérêts menacés. En 1989, ils interviennent
militairement pour renverser leur adversaire, le président Noriega. Finalement, le canal est rétrocédé au Panama en 1999 mais les Etats-Unis conservent un droit de passage prioritaire sur les autres navires et ils surveillent toujours
la zone de très près.
Avec ses 77 km de long et seulement 3 ensembles d’écluses, il relie l’Atlantique au Pacifique en une dizaine d’heures de navigation. Souvenir nostalgique des étés
passés à lever les vannes sur le Canal de l’Est, là c’est la Rolls de l’écluse. Mécanique automatique bien rodée, l’ambiance a cependant l’air nettement moins conviviale !
Chaque année, le canal est emprunté par plus de 14 000 navires : porte-conteneurs, méthaniers, pétroliers, vraquiers…enfin toute la panoplie. De nouveau en chantier, il se modernise
afin d'accueillir de plus gros navires. Sous nos yeux cet après-midi, un énorme porte-conteneurs panaméen puis un pétrolier japonais. Des vaisseaux d’une taille impressionnante empruntent les paliers de Miraflores. Comme eux,
on a bien envie de prendre le large. Et c’est pour demain ! On a enfin trouvé le bateau qui nous emmènera en Colombie : l’Indépendance,
un voilier de 85 pieds de long (on vous laisse trouver la conversion). Il part demain matin du port de Carti, sur la côte caraïbe et il doit nous conduire à Carthagène, en Colombie, au terme de 4 jours de croisière entre les
îles panaméennes des San Blas. On est super impatients !
Croisière dans les San Blas
Samedi 12 octobre 5h du mat’. On a failli louper le réveil. A peine 20 minutes pour remballer tout notre barda. Rendez-vous à deux rues de
notre hôtel, au Mamallena, une auberge de jeunesse. Trois Australiens, deux Irlandais, un Haïtien et une jeep nous attendent. Le soleil se lève quand on quitte la ville par l’autoroute du front de mer. Une heure plus tard, la jungle
est partout autour de nous. Au sud, le bouchon de Darien, une zone de marécage couverte de forêt qui entrave l’accès à la Colombie par voie terrestre. Prochain carrefour à gauche, les choses sérieuses commencent.
Une route tortueuse, pas toujours goudronnée, n’arrête pas de monter, tourner et descendre entre les collines et le chauffeur, pressé d’achever sa mission s’est pris pour Sebastien Loeb. On arrive à Carti avec la
sensation du mal de mer avant même d’avoir quitté la terre ferme. Sur le minuscule embarcadère, un Espagnol et un Canadien chargent leur moto. Deux Suédois, un Anglais et cinq pirates australiens sortent d’autres 4x4.
On ne va pas s’ennuyer !
Nos sacs dans une barque, on nous mène un peu plus loin, dans l’anse où le bateau mouille. Michel (à droite), le capitaine,
un vieux loup de mer d’origine slovène, nous accueille d’un large sourire sur sa face burinée. Kersauzon des Caraïbes, on ne reverra ce sourire qu’au moment de payer l’addition et de nous dire au revoir. La jeune
Majo et les deux mousses qui l’accompagnent essayent de garder le leur tout en affrontant les tempêtes. Les présentations sont faites. L’Independance
met le cap au large, sur l’archipel des San Blas. Des centaines de minuscules atolls couverts de palmiers où vivent toujours 50 000 Indiens de la tribu des Kuna.
Pêcheurs et cultivateurs, les Kuna vivent principalement de la contrebande de noix de coco avec la Colombie, toute proche.
Sur les îles, aucune infrastructure touristique. Les voiliers sont les seuls hôtels. Demain, ils lèveront l’ancre pour une autre île, parmi les près de 370 que compte l’archipel …
et d’autres les remplaceront. Isolés et dispersés sur une cinquantaine d’entre elles, les Kuna ont jusque-là réussi à maintenir leurs
traditions…et les femmes leur joli costume.
Les trois premiers jours s’écoulent au fil de l'eau. Chaque matin, l’Independance jette l’ancre entre deux-trois îlots. A la nage ou en canot,
on gagne la plage de l’un puis de l’autre. Majo nous hèle à l’heure du déjeuner. Puis la journée continue à l’ombre des voiles : on bouquine en musique sur
les matelas installés sur le pont et quand le sommeil nous gagne, on se laisse aller et le rêve continue… Un plongeon dans le lagon couleur menthe à l’eau et on se réveille. Menthe à l’eau ? Ou eau
tout cours, de la vraie qui ne soit pas dessalée… on en a des nausées. La soirée commence, les Australiens ouvrent le bar et le bal en poussant les décibels.
La croisière s’amuse !
Lundi soir, 18h. Tout le monde sur le pont. Quelques éclairs menacent l’horizon. Michel annonce le programme et nous donne les consignes pour la
nuit. On quitte les San Blas. Cap sur Carthagène de India…en Colombie. Laisser l’équipage se concentrer sur ses tâches et surtout, ne pas ouvrir les hublots de nos cabines situées dans la cale ! Fini le tapage sur
le Party boat, on est cantonnés dans les appartements. Le navire se met en branle….c’est parti pour une trentaine d’heures de navigation, à tituber au gré des vagues.
Mardi, On se réveille au milieu du grand bleu….bleu marine celui-là. Au loin : rien. Pas une terre, pas une île, le ciel. Magique :
un flip ! Pas le temps d’aller chercher la caméra. Deux dauphins accompagnent un instant notre croisière. Soleil au zénith, il fait une chaleur à crever. Dans sa grande bonté,
le captain décide de s’arrêter le temps d’un bain de mer. En suspension au-dessus des profondeurs marines, le courant nous ferait vite dériver. On attrape l’échelle et on remonte à bord. Michel est
content, nous ne sommes plus qu’à quelques heures de Carthagène.
18h. Devant nous, l’horizon prend forme. La terre ferme, le continent. Derrière nous, le soleil se couche, déjà. Une heure plus tard. Depuis le pont, les lumières
de la ville sont bien visibles. La capitainerie donne son accord. A 20h, l’Independance entre dans le port sous nos applaudissements. Dernière nuit à bord. Première nuit dans un nouveau pays : la Colombie.
Arrivée à Cartagena de India
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